Appel à articles/Convocatoria- Rapports aux morts

La revue française Socio-anthropologie, également publiée en ligne sur Openedition, ouvre un appel à articles pour un dossier intitulé Rapports aux morts: épreuves de représentation et crises politiques, en vue de son numéro 50 à paraître fin 2024. Il est notamment ouvert à des historiens et à des historiennes de la période contemporaine, et peut accueillir des articles portant sur des cas européens et nord-américains du XIXe siècle à nos jours. Les propositions de contributions sont attendues pour le 21 janvier 2024 (voir ci-après “Modalités de soumission”).

 

La revista francesa Socio-anthropologie, también publicada en línea en Openedition, abre una convocatoria a artículos para un dossier monográfico titulado Rapports aux morts: épreuves de représentation et crises politiques, para su próximo número 50 que se publicará a finales de 2024. Está abierta a historiadores/as de la edad contemporánea. Los artículos tienen que centrarse en casos europeos o norteamericanos entre finales del siglo XIX y la actualidad. Las propuestas de artículos tienen que entregarse antes del 21 de enero de 2024 (véase aquí abajo “Modalités de soumission).

 

Appel à communications/Convocatoria

Les rapports aux morts suscitent des tensions et des conflits politiques. Des normes d’occultation et de mise en visibilité, mais aussi de personnification et de réification des morts s’opposent au sein de certaines périodes historiques données, donnant lieu à des plaintes, des scandales et des crises politiques, comme en témoignent de nombreux travaux d’historien·nes (Foisil 1974, Ariès 1977, Favre 1978, Chaunu 1978, Carol 2004, Faust 2008, Rossigneux-Méheust 2014, Laqueur 2015, Carol et Renaudet 2023). 

Cette confrontation se retrouve aussi dans la littérature sur le sujet. L’écart entre les travaux des années 1970 dénonçant un « tabou » généralisé de la mort (Gorer 1965, Ariès 1975, Thomas 1975, Vovelle 1983, Urbain 1989) et les recherches plus récentes qui démontrent au contraire la persistance de relations entre morts et vivants dans les sociétés nord-européennes et nord-américaines (Walter 1994, Hallam et Hockey 2001, Molinié 2006, Esquerre 2011, Esquerre et Truc 2011, Despret 2015) signifie-t-il que l’occultation des morts – comme rapport dominant – n’a jamais existé ? Ou résulte-t-il de la différence qui s’est établie entre le contexte politique des années 1970 et celui d’aujourd’hui, et n’appelle pas la même critique de la façon dont l’État encadre et soutient le traitement des morts dans ces sociétés ? Cet écart invite aujourd’hui à ouvrir de nouvelles perspectives de recherche sur la conflictualisation de ces différents rapports aux morts au sein de certaines formes de vie politique. 

Développées aussi bien en histoire, en sociologie, en anthropologie, qu’en science politique, des recherches majeures ont ainsi montré que de nouveaux rapports se développent aujourd’hui entre morts et vivants, non sans provoquer des tensions et des débats dans ces sociétés. Des relations inter-subjectives persistent, d’ordres religieux ou séculier (Pons 2002, Dianteill, Hervieu-Léger et Saint-Martin 2004, Esquerre et Truc 2011, Pons 2021), qui n’utilisent pas nécessairement le cadavre (Gamba 2005, Memmi 2014, Bourdeloie et Brun 2021). Dans d’autres espaces, ces relations sont aussi dirigées vers la dimension objective et matérielle des morts (Paterson 1997, Godeau 2007, Esquerre 2011, Jeanjean et Laudanski 2013, Bernard 2016, Le Clainche Piel 2018), ce qui fait éclater des débats. Certains travaux ont montré que la confrontation de plus en plus massive de ces différents rapports aux morts survient des suites de l’accentuation d’un processus plus général de division du travail, entraînant l’approfondissement de la professionnalisation et de la médicalisation (Caroly et al. 2005, Hardy 2007, Bernard 2009, Boisson 2020), mais aussi, de l’individualisation (Carayon 2019) et de la commercialisation de la mort (Trompette 2008, Trompette et Griffith 2011, Sauget 2017). 

Il y a donc matière à comprendre les conflits qui éclatent depuis ce nouvel état du social entre différents rapports aux morts aujourd’hui et dans ces sociétés, comme ceux qui les ont précédés et en ont provoqué les conditions de possibilité. C’est d’autant plus vrai que le traitement de corps morts, appartenant le plus souvent à des personnes issues des fractions les plus dominées de ces sociétés, a déjà donné lieu à une « organisation sociale du silence » (Jakšić et Fischer 2021), dès lors qu’ils étaient déconsidérés et définis comme « problématiques » et » encombrants » (Le Clainche Piel 2020) (1). Cela, alors que d’autres morts, issus des classes aristocratiques du passé ou des classes bourgeoises contemporaines, peuvent jouir d’une très forte mémorialisation grâce au travail d’une large communauté d’endeuillés (Vovelle 1983, Walter 1999, Baudot 2006, Segré 2014, Chrościcki et al. 2015). Aujourd’hui encore, des mobilisations de collectifs émergent ainsi pour préserver ou offrir un traitement funéraire à un ou plusieurs morts (Rocca 2002, Clavandier 2004, Truc 2011, Gensburger et Truc 2020) et ainsi atténuer des inégalités et des discriminations qui persistent concernant la valeur accordée aux personnes et à leur mémoire (Broqua, Loux et Prado 1998, Kobelinsky 2019). 

À la différence du numéro Mortels (Souffron 2015a) – consacré aux imaginaires associés au tabou de la mort – et aux numéros Revenances(Berdet et Dubey 2016) et Traces (2002) – qui insistent sur la persistance d’une mise en relation subjective –, nous invitons les contributeur·trices à documenter les tensions qui ont existé et celles qui émergent aujourd’hui concernant différentes pratiques impliquant la prise en charge de morts. Cette perspective n’est en fait pas complètement nouvelle. L’anthropologie de la mort et de la personne, et l’anthropologie politique, ont depuis longtemps montré l’existence de différents traitements appliqués aux morts selon leur statut et les conditions de leur décès. Au cours de la temporalité des rites funéraires, différents traitements s’appliquent aussi (Hertz 1907, Van Gennep 1909, Turner 1969, Godelier 2014). Or, comme Bloch et Parry l’ont souligné, le réglage de ces traitements revêt toujours une dimension politique en ce qu’il peut conduire à la dénonciation de mauvaises morts, de mauvais rituels et de mauvais deuils (1982 : 41-42 ; Bloch 1993). Ce sont ces dénonciations qui interrogent les principes idéologiques à partir desquels un réglage s’impose dans un groupe ou une société et à une époque donnée. 

Dans le prolongement de cette démarche, le numéro « Rapports aux morts : épreuves de représentation et crises politiques » travaillera l’hypothèse selon laquelle différents rapports aux morts s’affrontent au sein d’une organisation sociale donnée et portent avec eux une dimension intrinsèquement politique dans la mesure où ils sont sous-tendus par des pratiques, des représentations et des idéologies différenciées concernant le traitement des morts et leurs rapports à d’autres collectifs. Nous faisons l’hypothèse que ces conflits se cristallisent au cours d’épreuves de représentation de différents niveaux. Par-là, nous entendons des situations de mise en cause du traitement appliqué à un ou plusieurs morts dans lesquelles il peut être exigé des acteurs qu’ils justifient la représentation qu’ils se font des morts pour légitimer le traitement qu’ils leur appliquent ou celui qu’ils souhaiteraient leur voir être donné. Mais on interrogera également les principes communs qui émergent de ces épreuves et de ces luttes sur la façon dont il convient de traiter les morts et de définir ce à quoi ils ont droit, généralement énoncés lors de situations publiques qui appellent de fortes montées en généralité (Boltanski et Thévenot 1991). 

Ce numéro de Socio-anthropologie s’adossera à l’idée suivant laquelle dans les rapports qui s’établissent aux morts s’expriment des idéaux, ainsi qu’une certaine relation au passé et à l’avenir d’un groupe ou d’une société (Karsenti 2006, Kobelinsky et Rachedi 2023). En ce sens, ils sont porteurs d’idéologies différentes (Granet 1919, Verdery 1999, Ben-Amos 2000, Latte 2015), qui se dominent, mais se définissent aussi les unes par rapport aux autres. Le numéro invite donc des contributions qui interrogent les moments où les modalités pratiques d’occultation et de mise en visibilité, mais aussi de réification, d’objectivation, de scientifisation, de culte, de mémorialisation ou de commémoration, etc. d’un ou de plusieurs morts provoquent des plaintes et des débats, au passé comme au présent. Nous invitons les contributeur·trices à regarder les situations les plus ordinaires, comme celles jugées les plus problématiques sous cette focale. Il s’agira de se saisir des problématiques suivantes : quelles tensions et conflits émergent dans des espaces de prise en charge d’un ou de plusieurs morts ? Le développement de pratiques liées à des groupes professionnels, familiaux, religieux, politiques ou communautaires est-il la source de disputes et favorise-t-il la dénonciation d’inégalités et d’ordres de grandeur tracés entre les morts ? Ces pratiques engagent-elles des idéologies concurrentes ? Enfin, au cours de ces litiges, des valeurs communes sont-elles rejouées ?

Il est attendu des contributeur·trices que la définition que les acteurs donnent de ce qu’est un mort et de ce qu’il en reste ne soit pas évacuée – soit l’ensemble des éléments qu’ils rattachent ou non à l’existence passée d’un individu – comme la façon dont ils relient ces morts à des collectifs. Il peut s’agir de dépouilles, de fragments de corps ou d’autres supports de représentation et de pratiques. Cette définition large suspend la différence généralement établie entre restes matériels et immatériels pour examiner précisément les moments où les acteurs installent des rapports aux morts et réagissent à ces derniers. Un éventail large de situations pourra être abordé : du traitement des cadavres dans la médecine, au travail des professionnels du funéraire, à la conservation de restes humains à des fins muséales ou archéologiques, au traitement des morts en tant que déchets, à leur utilisation à des fins scientifiques, judiciaires ou marchandes, etc. Mais les articles pourront aussi porter sur des pratiques qui promeuvent d’autres modalités de mise en relation aux morts (mémorielles, intersubjectives, religieuses, communicationnelles, numériques, etc.), généralement prises en charge par des proches, des communautés de deuil, des pleureuses, des religieux, des médiums ou des prestataires de pratiques magiques, et qui ne s’opposent pas toujours aux premières. Ce faisant, il conviendra de laisser ouverte l’analyse pour savoir si les tensions qui émergent rejouent des oppositions entre personnalisation et réification d’un mort, experts et profanes, professionnels et familles, morts des classes bourgeoises et morts des classes populaires, morts nationaux ou morts étrangers, ou si d’autres sont également en jeu. L’analyse devra alors préciser quels sont les degrés de publicité, de mise en débat et de politisation auxquels donne lieu la gestion de ces pratiques et des tensions qu’elles suscitent. 

 

Axe 1 – Hiérarchisation d’un seul rapport

Nous invitons tout d’abord les contributeurs·trices à proposer des articles abordant des situations dans lesquelles un rapport spécifique s’impose, qu’il soit particulièrement répandu et démocratisé, ou appliqué à certains morts seulement. Comment les restes d’un ou plusieurs morts sont-ils exclusivement chosifiés, réifiés, utilisés, personnifiés, subjectivés ou mémorés dans certains espaces ? La question est de savoir comment un seul rapport se stabilise et jusqu’où les acteurs s’y maintiennent. Le public présent, les conditions de la pratique, comme la gestion spécifique de certaines émotions et le partage d’une idéologie commune jouent-ils sur l’établissement de ce rapport ? Ces situations rejouent-elles des oppositions entre la prise en compte de la dimension objective des morts et leur dimension subjective (Souffron 2015b), leur occultation et leur mise en visibilité ? 

Cette hiérarchisation surgit par exemple dans des contextes de très forte déshumanisation de certains morts. Il a ainsi été montré qu’une « déchetisation » de cadavres humains a été mise en œuvre lors de violences politiques de masse au Rwanda, à l’appui d’une idéologie raciale (Korman 2014) qui déshumanisait les victimes Tutsi à qui ils avaient appartenus (Maurer-Prager 2016). Mais un rapport dominant peut aussi s’installer dans d’autres contextes et de bien d’autres façons et de manière consentie. C’est le cas dans les universités de médecine où la gestion des corps donnés à la science pour la réalisation d’autopsies, de chirurgies et d’examens anatomiques en passent par le respect du consentement des donneurs et l’évacuation d’autres modalités de relations dans d’autres temps et espaces. Les restes des morts sont par la suite incinérés et dispersés dans un jardin du souvenir, non sans tensions avec les familles des défunts qui s’informent régulièrement du devenir de leur dépouille (Bernard 2017). À l’inverse, il existe des situations où une relation intersubjective est placée en dominante du rapport avec un mort. Un tel rapport s’impose lors de pratiques spiritualistes dans lesquelles un apprentissage perceptif ouvre la voie à une communication avec un mort, pour celles et ceux qui y adhérent, ou de manière encore plus forte, dans des contextes religieux dans lesquels un saint est appelé (De Blic 2011) ou lors de la transmission de récits de fantômes dans lesquels les défunts sont dits agissant (Delaplace 2009). Ce qui relie ces pratiques, qui n’ont rien à voir entre elles, ne tient pas à la nature des actes pratiqués ni à leurs visées, mais au fait qu’un seul rapport est censé dominer la relation, de façon parfois extrêmement dépersonnalisée ou au contraire personnifiée, en référence à des idéologies particulières, sources de réactions.

Dans cette démarche, on se demandera si la possibilité d’autres rapports possibles fait émerger des ambiguïtés (Hagerty 2014, Despret 2015), des jeux de dégradation ou de mise en relation (Jeanjean et Laudanski 2013, Godeau 2007), ou si elle se règle sur la modalité du « je sais bien, mais quand même » (Mannoni 1963), du doute (Delaplace 2009) ou de l’ambivalence (Bernard 2016) à l’égard des acteurs qui promeuvent d’autres modalités de traitement ? Cette hiérarchisation demande-t-elle à exclure des participants ou à en initier de nouveaux ? Enfin, s’appuie-elle sur des oppositions fortes vis-à-vis d’autres morts, pratiques et représentations ? Ce faisant, ce sont les conditions d’établissement d’un rapport sur d’autres qui seront interrogées. Ainsi, à quel moment cette hiérarchisation est-elle dénoncée comme inacceptable, violente ou injuste ou au contraire désirable et nécessaire et justifiée politiquement, voire religieusement ? Et quels conflits fait-elle émerger ?

 

Axe 2 – Pluralisation des rapports aux morts

Des contributions qui aborderaient des situations dans lesquelles différentes normes d’action à l’égard d’un ou de plusieurs morts sont prises en compte sont aussi attendues. On se demandera comment différentes pratiques et représentations sont intégrées, comment elles participent du traitement d’un ou de plusieurs morts et à quels moments resurgit la critique. 

Comment différents rapports sont-ils articulés ? Cela demande-t-il à conjuguer des temps, des espaces et des savoirs différenciés ainsi que des collaborations afin de tenir compte de pratiques potentiellement contradictoires à l’égard des morts (Berthod 2005) ? D’où provient la prise en compte de ces pratiques et certains acteurs revendiquent-ils une expertise particulière quant au fait de savoir les articuler ? Là aussi, au nom de quelles valeurs ?

C’est le cas, par exemple, dans les instituts médicaux-légaux selon les actes pratiqués et les professionnels investis (Schnegg et Rey 2017, Juston-Morival 2020, Boursier 2021), ou dans les chambres mortuaires hospitalières qui se sont ouvertes à la présence des familles (Wolf 2006) au nom du droit des morts à être entourés et subjectivés dans leur histoire et leur identité (Boisson 2020). Mais les contributions pourront envisager bien d’autres espaces et temps de prise en charge dans lesquels des réglages liminaux se sont développés pour agir à l’égard d’un ou de plusieurs morts. 

Et puisque notre hypothèse est que la prise en compte de normes différenciées peut favoriser la politisation des rapports possibles aux morts, nous nous demanderons quels sont les disputes qui émergent depuis ces espaces, malgré les efforts réalisés pour prendre en compte leur coexistence. En réaction, d’autres acteurs dénoncent-ils des erreurs, le besoin de rétablir un seul rapport ou d’autres modalités d’articulation ? Au nom de quelles idées ?

 

Axe 3 – Mobiliations et crises politiques

Le troisième axe de l’appel invite des contributions qui abordent des disputes de plus grande ampleur qui éclatent lors d’un scandale, d’une affaire ou d’une crise politique généralisée dans des configurations sociales spécifiques (De Blic et Lemieux 2005, Dobry 2012). Il s’agit de moments de fortes mobilisations pour dénoncer le traitement appliqué à un ou plusieurs morts, qui lancent des débats publics à l’initiative de porte-paroles et d’entrepreneurs de politisation. Ce fut le cas au moment de la Révolution française concernant l’encombrement des cimetières et le peu de dignité accordée aux restes des indigents (Foisil 1974, Favre 1978, Lasserre 1997) et la liberté des funérailles (Ariès 1977, Esquerre 2011). Mais bien plus récemment, on a vu éclater l’affaire du charnier de l’université de médecine (Bernard 2017, Dupré 2021) ou celui de la mise en bière rapide de certains morts durant l’épidémie de Covid-19 (Clavandier et al. 2023). Ce sont bien des moments de condamnation de certains traitements, de mise en discussion du rapport politique institué à l’égard d’un ou de plusieurs morts, de leur égale dignité et du respect de leur individualité. Mais cela peut aussi concerner, par exemple, la pollution des cadavres, la place trop importante qu’ils occupent et le besoin de réduire leur empreinte écologique, c’est-à-dire des mobilisations et des crises qui s’étalent davantage dans le temps et posent la question de la prise en compte de nouveaux principes politiques pour réorganiser la relation aux morts et à la société de demain. 

Nous invitons ainsi les contributeur·trices à proposer dans cet axe des articles travaillant non pas l’installation d’un seul rapport (axe 1) ou l’articulation de normes potentiellement contradictoires (axe 2), mais bien l’émergence de mouvements sociaux, la manière dont ils provoquent des débats ou des procès et accélèrent la politisation de différents rapports aux morts (axe 3). Les articles pourront ainsi éclairer de quelles façons des groupes d’acteurs se sont saisis ou se saisissent de l’actualité politique ou du droit national et international pour tenter de modifier la prise en charge d’un ou de plusieurs morts. Devant quel tiers le font-ils et en référence à quels idéaux politiques ? Quelles explications possibles peut-on donner à leur réussite ou à leur échec et quelles sont les conditions d’émergence de ces scandales et de ces affaires ? Enfin, lorsque des crises généralisées surgissent, comment sont-elles tranchées, et sous leurs effets le contenu des lois évolue-t-il, comme les idéaux qu’elles instituent pour organiser la société ? 

Cet appel s’adresse à des contributeurs·trices inscrivant leurs travaux au sein de plusieurs disciplines : l’anthropologie, la sociologie, la science politique ou encore l’histoire mais également la psychologie sociale ou la philosophie, à la condition que leur proposition soit appuyée sur un travail d’enquête empirique. Ce numéro invite également les auteur·rices à se saisir des axes de contribution à partir d’études contemporaines mais aussi historiques, allant du xix^e siècle à aujourd’hui – ces situations pouvant être étudiées sur la base d’archives. Géographiquement, les études pourront aborder le contexte de l’Europe et de l’Amérique du Nord et d’autres aires et contextes transnationaux – la confrontation et la politisation de différents rapports aux morts n’étant pas des phénomènes propres aux différentes régions du monde occidental.

 

Modalités de soumission

Il est attendu des auteur·trices une proposition argumentée d’environ 5 000 signes (entre 1 et 2 pages maximum) accompagnée d’une courte bibliographie, qui devra être envoyée au plus tard le 21 janvier 2024. Elle précisera le titre provisoire, l’objet et le questionnement, l’argument principal développé, les données, la méthodologie et la perspective théorique adoptés, afin de faciliter le travail d’arbitrage. 

Cette note d’intention doit être adressée aux trois coordinatrices du numéro : marine.boisson [at] ehess.fr, boursier.lea [at] gmail.com, giulia.lelli [at] univ-lyon3.fr. 

La sélection des propositions sera communiquée aux auteurs·trices à la mi-février 2024. La remise des articles rédigés (entre 25 000 et 35 000 signes espaces compris) est ensuite fixée au 22 avril. Les évaluations des textes en double aveugle seront retournées aux alentours du 22 juin. Enfin, les versions finales des articles acceptés seront attendues pour le 8 septembre 2024. La parution du numéro 50 « Rapports aux morts : épreuves de représentation et crises politiques » est prévue pour décembre 2024. 

 

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(1) Ces travaux ont mis en lumière de telles organisations lors de violences de masse (Déotte 2002, Anstett et Dreyfus 2014, 2016), de guerres ou d’actes terroristes (Butler 2010, Carayon 2021, Mégie 2021), ou bien encore, dans la prise en charge de la mort de personnes migrantes (Lestage 2019). Ils ont alors souligné combien une mise en relation symbolique à un mort était inégalement distribuée et dépendait de la valeur accordée à la personne et à sa mémoire.

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