Appel à communications/Convocatoria- Obéir, désobéir, XVIe-XIXe siècle

Appel à communications en français pour le colloque “Obéir, désobéir, XVIe-XIXe siècle”, organisé par Rachel Renault et Karl-Alexander Zimmer à l’université du Mans la semaine du 26 février 2024 (date limite: 13 octobre 2023). Plusieurs des axes de l’appel font référence aux émotions mises en jeu dans les révoltes et aux constructions mémorielles et historiographiques qu’elles suscitent.

Convocatoria en francés para el congreso “Obéir, désobéir, XVIe-XIXe siècle”, organizado por Rachel Renault y Karl-Alexander Zimmer y que tendrá lugar la Université du Mans durante la semana del 26 de febrero de 2024 (fecha límite: 13 de octubre de 2023). Las emociones involucradas en los motines, las memorias y las historiografía entran en el marco de la convocatoria.

“Il y a l’émeute, et il y a l’insurrection ; ce sont deux colères ; l’une a tort, l’autre a droit. (…) De là vient que, si l’insurrection, dans des cas donnés, peut être, comme a dit Lafayette, le plus saint des devoirs, l’émeute peut être le plus fatal des attentats. Il y a aussi quelque différence dans l’intensité calorique ; l’insurrection est souvent volcan, l’émeute est souvent feu de paille(1)”.

En distinguant, en 1862, le droit à l’insurrection et le tort de l’émeute, Victor Hugo reprend en réalité des catégories déjà définies en droit dans l’Europe d’Ancien Régime. La distinction vient redoubler une représentation du populaire comme peuple légitime dans le premier cas, comme populace ou plèbe vulgaire dans le second(2). Ouverte ou discrète, la résistance à l’autorité est souvent l’un des rares moments où les « vies infâmes » surgissent au travers d’une archive. Ce surgissement des luttes, des rêves d’hier et des mondes possibles qui ont été envisagés recèle une puissance d’attraction très forte sur les historien.ne.s comme sur les publics non-académiques(3).

Une longue tradition historiographique sédimentée depuis la controverse entre Roland Mousnier et Boris Porchnev a débattu de l’interprétation des soulèvements populaires, enrichie par les apports de la sociologie, de la géographie ou de l’anthropologie(4). Outre les divergences sur la pertinence du cadre d’analyse marxiste et de ses catégories, ces historiographies soulèvent la question de la méthode(5): quantitative, approchant les insurgés par leur nombre, ou inspirée de l’anthropologie historique ; empathique ou objectivante ; à l’échelle de la rue, du quartier, du village, d’une région, ou d’un État entier. Ces manières d’écrire l’histoire des émotions populaires sont-elles irréconciliables ? Si les causalités univoques, rapportant les émeutes au seul poids de l’impôt ou au prix du pain ou du grain ont été abandonnées, comment, néanmoins, les expliquer ? Pourquoi, alors que la désobéissance a souvent un coût élevé, les agents sociaux choisissent-ils de s’y adonner et comment s’y prennent-ils, alors qu’il n’y a rien de “simple à désobéir collectivement”(6)?

Se posent alors des questions fondamentales pour toutes les sciences sociales. La sociologie critique des années 1970 a surtout cherché à expliquer les mécanismes de la domination et à rendre compte de son efficacité – et partant, à expliquer l’absence de révoltes de grande envergure(7). Des études empiriques tendent à montrer que le désordre éclate quand les autorités sont jugées incompétentes. Et, dans un premier temps du moins, les tumultes remettent rarement en cause la totalité de l’édifice institutionnel(8), à l’instar des « boules de neige » vénitiens de 1515, qui ridiculisent un podestat sans chercher à abattre la Sérénissime(9). La nécessité de la désobéissance adviendrait quand devient insupportable l’impéritie des dirigeants, incapables de répondre aux attentes sociales et politiques, ou quand affleurent trop brutalement les règles du jeu de la domination(10). Pourtant, dans ce continuum de (l’in)gouvernabilité, des étincelles ouvrent bel et bien des perspectives radicales et subversives. Est-il possible d’identifier ces moments de bascule ? On ne dispose pas véritablement de modèles explicatifs susceptibles de rendre compte du surgissement d’une rupture dans le consentement à l’autorité – en tout cas, d’une rupture visible, car « céder n’est pas consentir », et l’axiome de la sociologue féministe vaut sans doute également dans le domaine politique(11). Si l’on admet que l’absence de contestation ne vaut pas nécessairement consentement ni adhésion, cela permet-il d’expliquer le passage à l’acte collectif de refus ? Inversement, le consentement actif à l’ordre politique existe-t-il parmi les contestataires ? Les mutins de 1917 se révoltent-ils vraiment par “patriotisme”(12)? Les sujets d’Ancien Régime, pour sauver « le Roi sans gabelle » de ses mauvais conseillers(13)? Comment faire la part des stratégies de légitimation de la contestation et des convictions ? 

Les travaux sur le protagonisme ont renouvelé l’approche des gens « ordinaires » à la faveur des grandes crises, montrant combien l’événement collectif modifie la manière dont les individus se pensent, et donc, agissent(14). En même temps, le spatial turn a redonné tout sa place aux logiques de solidarités territoriales en temps de crise(15). Au-delà du cas français, le dialogue avec les historiographies anglaise, allemande, italienne et espagnole permet d’identifier un tournant qui, à partir des années 2000, envisage les rapports de gouvernement avant tout sous l’angle de la « négociation » et de l’agency(16). Or ces deux termes, s’ils ont permis de dépasser l’image d’un pouvoir tout-puissant s’exerçant unilatéralement de haut en bas, ont conduit à laisser dans l’ombre la potentielle très grande violence des rapports sociaux et le caractère puissamment hiérarchique des ordres de domination(17).

Cette journée sera l’occasion de faire le point sur l’histoire des désordres telles qu’elle se fait aujourd’hui. Quelles sont les références historiographiques et scientifiques mobilisées par les recherches récentes ? Quelles méthodologies sont utilisées ? Que reste-t-il à dire sur ces soulèvements ? Comment leur approche est-elle renouvelée par les perspectives de l’histoire du climat ? Par le prisme du genre ? Pas le renouveau des méthodes quantitatives ? Nous souhaitons proposer quelques courtes pistes de réflexion, disparates, dans lesquelles les contributeurs.trices sont libres de s’inscrire ou non, mais qui nous semblent toutes procéder de lectures renouvelées des séditions.

1/ Les émeutes et la modernité

Bien longtemps, et à moins d’être prises en charge par des institutions (justice, assemblées d’états, syndicats ou partis politiques) ou relayées par les élites, les émeutes ont été rapportées par l’historiographie soit à une forme de conservatisme(18), soit à une forme d’archaïsme(19). Pourtant, ne peut-on pas les considérer comme l’un des lieux où s’élaborent des formes de « modernité » politique, ou du moins, de modernités multiples ? L’idée d’”alter-modernités”(20) est-elle transposable aux mondes populaires ? Revendications et formes d’action rébellionnaires ne sont-elles pas des laboratoires essentiels de certains chemins pris par la modernité politique ? Si l’on prend au sérieux les exigences des révoltés, on observe bien souvent qu’elles sont des laboratoires essentiels de réflexion politique : des Douze articles de la paysannerie allemande en 1525 aux cahiers de doléances de 1789, en passant par le Code paysan des Bretons en 1675, ces traces laissées d’un monde alternatif envisagé par les émeutiers nous renseignent sur les possibles envisagés et sur l’urgence de ce qui devait être mis à bas.

2/ Émotions émeutières

La description des foules émeutières recourt souvent au topos de la rage et de la fureur – dans une animalisation classique de la plèbe. Pourtant, d’autres émotions sont souvent présentes : parmi elles, il faut sans doute faire une place centrale à la haine et à la peur – celle des autorités et des couches privilégiées face au peuple débridé, celle des insurgés face à la répression. Mais on y trouve aussi l’ardeur face à l’événement et à la suspension du temps ordinaire, l’ivresse, au propre comme au figuré, la joie de la fête qui accompagne souvent la révolte, le rire et la dérision, l’espoir dans l’entrevue d’un changement, le chagrin face à la mort, l’emprisonnement ou la déportation des proches, parfois aussi la jalousie ou la rancœur face aux stratégies d’accaparement et aux concurrences ou trahisons internes au groupe insurgé. A contrario, une froide insensibilité semble aider à supporter la possibilité de la violence dite légitime(21). Comment approcher ces territoires du sensible, par quelles sources, et comment les intégrer au récit historique ?

3/ Violences émeutières et violences répressives

L’analyse de la violence émeutière fait désormais l’objet d’une historiographie bien établie(22), qui a montré son caractère à la fois ritualisé et savamment orchestré, bien loin du topos de la foule chaotique et brutale. Les émeutiers ripostent de manière graduée et n’ont, au demeurant, pas toujours l’initiative de la violence. Il nous semble en revanche que la signification, les fonctions et l’efficacité des formes de répression n’ont pas toujours trouvé la pleine mesure des analyses qu’elles méritaient. Jusqu’à quel point la répression est-elle une conflictualité qui fonde la domination ? Quelle est sa force de dissuasion ? L’histoire des violences collectives au XIX^e siècle connaît depuis les années 2000 un renouvellement dont l’objectif est de comprendre les désordres du point de vue des forces de l’ordre(23).

Ce tournant met en avant le caractère fragile des institutions. Reposant sur un subtil jeu symbolique, incarné dans des corps et objet de discussions constantes par ceux qui en ont la charge, le maintien de l’ordre est le fruit de stratégies mûrement réfléchies mais également de décisions prise sur le tas. 

4/ “Céder n’est pas consentir”

Les stratégies d’accommodements aux dominations existent et participent dans un sens aussi à la fabrique des pouvoirs. Mais si l’on part de l’hypothèse que le consentement à l’autorité, au sens plein et entier du terme, serait la règle, on comprend mal les irruptions ponctuelles, mais régulières, de la désobéissance dans le cours ordinaire des choses. Il faut donc sans doute repenser la soumission à l’autorité en sortant de la dichotomie acceptation / refus, et commencer à envisager des formes intermédiaires, liées à l’intériorisation de dispositions, qui permettent à une autorité de s’exercer, mais ménagent pourtant une place à la critique(24). Sans nier la possibilité d’hégémonies idéologiques puissantes, on peut reprendre ici « l’hypothèse sociologique » formulée par André Loez : “ce ne sont pas les individus qui tiennent, choisissent ou « consentent », mais les liens et mécanismes sociaux qui se renforcent, assurant la ténacité, la cohésion et le conformisme de tous”(25). De là, la désobéissance devient un horizon possible, sitôt qu’une brèche s’ouvre et que l’on entrevoit la possibilité d’un changement(26). Que ce soit en situation d’esclavage, de domination seigneuriale, patronale, monarchique, en situation de guerre : il faut certes expliquer comment ont « tenu » ceux qui subissaient un ordre injuste, mais il faut également pouvoir rendre compte des désordres, qu’un pur calcul comptable en termes de bénéfices / risques ne permet pas d’expliquer(27).

5/ Une météo de la révolte est-elle possible?

Les métaphores telluriques et météorologiques n’ont eu de cesse d’être employées pour caractériser l’irruption d’une orageuse révolte ou pour décrire une averse de projectiles et d’insultes en direction des forces de l’ordre. Ce parallèle ne révèle-t-il pas une incompréhension partagée des élites face à la puissance des phénomènes naturels et sociaux ? L’histoire des représentations du temps qu’il fait(28) et celle du changement climatique sont en plein renouvellement(29). En revanche, il reste à faire une histoire sociale et politique des phénomènes climatiques comme “événements naturels”(30), notamment dans un cadre rébellionnaire micro-historique. Depuis peu, une « nouvelle » histoire économique(31) renoue avec le projet quantitatif de saisir sur la longue durée et à une échelle globale le lien entre climat et  révolutions(32). Comment ces approches dialoguent-elles aujourd’hui ?

6/ Le genre de l’émeute

Quelle est la place des femmes dans l’histoire des insubordinations ? En dehors de la figure de Louise Michel pour la Commune, il est frappant de voir à quel point il est difficile d’associer des noms de femmes aux « grands » événements insurrectionnels(33). Leur masse et leur énergie sont pourtant régulièrement soulignées par les contemporains(34). L’exemple des révoltes frumentaires est symptomatique et répond au stéréotype “moderne”(35) qui, en même temps, assigne les femmes et rend visible leur puissance dans une économie domestique(36). La marche d’octobre 1789 en est l’archétype. Quand le peuple a faim, les femmes seraient les premières dans la rue(37). Qu’en est-il réellement ? Les autorités n’ont-elles pas tendance à accentuer cette présence féminine, précisément pour discréditer un mouvement de contestation ? Quelle part prennent-elles à la violence émeutière ? Toujours est-il que les femmes sont bien présentes, agissent et ne peuvent être cantonnées ni à un rôle de subordination ni à celui d’une suppléance logistique (même si la cuisine, les soins, le ravitaillement de munitions ou encore la circulation des informations sont des éléments cruciaux au cours d’une protestation). Questionner le genre de la révolte ouvre également les enjeux liés aux luttes des femmes et interroge l’articulation classique entre l’histoire des mouvements sociaux et celle des émancipations féministes(38).

7/ Raconter ou analyser? Le genre des mots, des sources à l’historien.ne

Enfin, nous souhaitons inviter les contributeurs.trices à réfléchir à leurs modalités d’écriture. La puissance émotionnelle des archives contestataires peut être un vecteur robuste d’intérêt. Faut-il la considérer comme un “mur de soutènement”(39) du travail historien, ou faut-il s’en méfier et la mettre à distance, car elle fait courir au scientifique le risque du romantisme et de l’emphase ? La question met en jeu celle de la méthodologie. Faut-il parler avec les acteurs, être mimétique de leurs mots et de leurs catégories, au risque de s’en rendre prisonnier, ou choisir une démarche etic et objectiver, au moyen des catégories des sciences sociales, leurs comportements, leurs valeurs, leurs systèmes de représentation, au risque de l’anachronisme ? Peut-on faire tantôt l’un, tantôt l’autre, et est-ce souhaitable ? Quelles sont les parts respectives à accorder à la parole des agents sociaux et du/de la scientifique ? Comment faire surgir et donner place aux paroles des insurgés sans verser dans la grandiloquence ?

Ce wokshop est organisé par Rachel Renault (MCF Temos, IUF junior) et Karl Zimmer (doctorant Temos). Il se déroulera au Mans la semaine du 26 février 2024 (la date sera précisée ultérieurement). Le format est libre, les participant.e.s pourront aborder des questions historiographiques, épistémologiques, historiographiques, ou présenter du matériel empirique.

Les propositions de communications (5000 signes maximum), accompagnées d’un court CV, devront être envoyées à Rachel.Renault@univ-lemans.fr et Karl-Alexandre.Zimmer@univ-lemans.fr avant le 13 octobre 2023.

Notes

(1) Victor Hugo, Les Misérables, IV, Testard, 1890, p. 398-399.

(2) Déborah Cohen, La nature du peuple: Les formes de l’imaginaire social (XVIIIe-XXIe siècles), Champ Vallon, 2014. 3 Michelle Zancharini-Fournel, Les luttes et les rêves : une histoire populaire de la France de 1685 à nos jours, Zones, 2016 et Gérard Noiriel, Une histoire populaire de la France. De la guerre de Cent Ans à nos jours, Agone, 2018.

(3) Eric Hobsbawm, Les Primitifs de la révolte dans l’Europe moderne, Fayard, 1966 [1959] ; Yves-Marie Bercé, Croquants et nu-pieds, les soulèvements paysans en France du XVIe au XIXe siècle, Gallimard, 2009 [1974] ; Charles et Louise Tilly, The Rebellious century (1830-1930), Harvard University Press, 1975 ; James C. Scott, La domination et les arts de la résistance. Fragments du discours subalterne, Éd. Amsterdam, 2019 [1990] ; Edward P. Thompson, Les usages de la coutume. Traditions et résistances populaires en Angleterre (XVIIe-XIXe), EHESS-Gallimard-Seuil, 2015 [1991] ; Jean Nicolas, La rébellion française. Mouvements populaires et conscience sociale (1661-1789), Seuil, 2002 ; Harvey David, Villes rebelles : du droit à la ville à la révolution urbaine, Buchet Chastel, 2015 [2012] ; Anne-Laure Pailloux et Fabrice Ripoll (dir.), « Géographie(s) des mobilisations. Explorer la dimension spatiale de l’action collective », Carnets de géographes, n°12, 2019 [openedition.org].

(4) Ces questions sont bien synthétisées dans le grand colloque de 1984 : Jean Nicolas (éd.), Mouvements populaires et conscience sociale (XVIe-XIXe siècles), Actes du colloque de Paris VII-CNRS (24-25 mai 1984), Maloine, 1985.

(5) André Loez, 14-18. Les refus de la guerre. Une histoire des mutins, Gallimard, 2010, p. 8 : « Mais pourquoi ont-ils voulu s’y soustraire en 1917 et non les années précédentes ? Pourquoi, surtout, l’ont-ils fait en même temps que des milliers d’autres ? Comment s’est organisée leur action ? Et peut-il y avoir quoi que ce soit de simple à désobéir collectivement, dans une armée qui a exécuté près de cinq cents de ses soldats dans les trois premières années du conflit ? » 

(6) Luc Boltanski, « Pourquoi ne se révolte-t-on pas ? Pourquoi se révolte-t-on ? », Contretemps, 12, 2015 : « On dispose donc, dans l’organum des sciences sociales développées au cours des cinquante dernières années d’un vaste ensemble de modèles et de schèmes tendant à expliquer pourquoi les acteurs dominés ne se révoltent pas contre la domination qu’ils subissent ».

(7) Laurent Bourquin et Philippe Hamon (dir.), La politisation : conflits et construction du politique depuis le Moyen-Age, Rennes, PUR, 2010 et Laurent Bourquin, Philippe Hamon et Cédric Michon (dir.), S’exprimer en temps de troubles.

(8) Conflits, opinion(s) et politisation de la fin du Moyen-Age au début du XXe siècle, PUR, 2012.

(9) Claire Judde de Larivière, La révolte des boules de neige. Murano face à Vénise, 1511, Fayard, 2014.

(10) Rachel Renault, La permanence de l’extraordinaire. Fiscalité, pouvoirs et monde social en Allemagne, XVII^e-XVIII^e siècles, Publications de la Sorbonne, 2017.

(11) Nicole-Claude Mathieu ; sur la question du consentement, voir aussi James C. Scott, La domination et les arts de la résistance : fragments du discours subalterne, Éd. Amsterdam, 2008.

(12) Voir André Loez, cit., p. 10.

(13) Sur le mythe du roi mal conseillé, voir Yves-Marie Bercé, Croquants et nu-pieds…, op. cit. et Gauthier Aubert, Révoltes et répressions dans la France moderne, Armand Colin, 2015.

(14) Haïm Burstin, Ivan Ermakoff, William Sewell et Timothy Tackett, « Protagonisme et crises politiques : histoire et sciences sociales », Politix, 122, avril 2015, p. 131-165.

(15) Doug Mc Adam, Sydney Tarrow et Charles Tilly, « Pour une cartographie de la politique contestataire », Politix, n°41, 1998.

(16) Ces questions ont été très bien synthétisées à l’échelle européenne dans Wim Blockmans, André Holenstein et Daniel Schläppi (éd.), Empowering Interactions: Political Cultures and the Emergence of the State in Europe 1300–1900, Routledge, 2016.

(17) Andy Wood, “Subordination, Solidarity and the Limits of Popular Agency in a Yorkshire Valley c. 1596-1615”, Past & Present, 193 (2006), p. 41-72 : “Most recently, the hugely unequal distribution of power has been somewhat obscured as a result of a concentration upon the negotiated character of authority.”, p. 43.

(18) Pour la France, Yves-Marie Bercé, Croquants et nu-pieds…, op. cit. en est un exemple frappant, ainsi que Roland Mousnier, Fureurs paysannes. Les paysans dans les révoltes du XVII^e siècle. France, Russie, Chine, Calmann-Levy, 1967.

(19) Voir le titre de l’ouvrage susmentionné d’Eric Hobsbawm, Les primitifs de la révolte…op. cit.

(20) Yves Citton, Altermodernités des Lumières, Seuil, 2022.

(21) Quentin Deluermoz, Thomas Dodman, Anouche Kunth, Hervé Mazurel et Clémentine Vidal-Naquet (dir.), « (In)sensibilités », Sensibilités, n°11, Anamosa, 2022.

(22) Alain Hugon, Laurent Bourquin et Francisco Benigno (dir.), Violences en révolte: Une histoire culturelle européenne, Presses Universitaires de Rennes, 2019.

(23) Aurélien Lignereux, La France Rébellionnaire. Les résistances à la gendarmerie (1800-1859), Rennes, PUR, 2008 ; Arnaud-Dominique Houte, La métier de gendarme au XIXe siècle, Rennes, PUR, 2010 ; Quentin Deluermoz, Policiers dans la ville. La construction d’un ordre public à Paris (1854-1914), Publications de la Sorbonne, 2012 et Mathilde Larrère, L’urne et le fusil. La garde nationale parisienne de 1830 à 1848, PUF, 2016.

(24) James C. Scott, La domination et les arts de la résistance…, op. cit.

(25) Loez, 14-18, op. cit., p. 21.

(26) Cf. N.C. Mathieu, qui montre combien ce qui peut être vécu comme contradictoire sur le plan psychologique ne l’est pas sur le plan sociologique et combien l’argument du « consentement » est mobilisé en faveur du viol.

(27) Mancur Olson, Logique de l’action collective, PUF, 1978, s’y était essayé. Ses hypothèses demeurent assez peu discutées par les historien.ne.s.

(28) Alain Corbin, La pluie, le soleil et le vent. Une histoire de la sensibilité au temps qu’il fait, Aubier, 2013.

(29) Jean-Baptiste Fressoz et Fabien Locher, Les révoltes du ciel. Une histoire du changement climatique (XVIe-XXe siècle), Seuil, 2020.

(30) Anouchka Vasak, « “Faire” un événement naturel ? L ‘orage du 13 juillet 1788 et la tempête de décembre 1999 », Sociétés & Représentations, 32, 2011, 97-109.

(31) Voir notamment le projet Hiscod (Historical Social Conflict Database) à l’Université de Caen (https://www.unicaen.fr/hiscod/accueil.html?locale=en ).

(32) Emmanuel Leroy Ladurie, Histoire du climat depuis l’an mil, Flammarion, 2020 [1967] et Histoire humaine et comparée du climat : disettes et révolutions (1740-1860), Fayard, 2006 ou encore Pascal Acot, Histoire du climat, Perrin, 2004. Pour l’Allemagne, voir Michael Kopsidis et Daniel W. Bromley, « Expliquer la modernisation économique allemande: La Révolution française, les réformes prussiennes et l’inévitable continuité du changement », Histoire, Sciences Sociales, 72-4, 2017, p. 1117-1156.

(33) Clara Chevalier, « Des émeutières passées sous silence ? L’invisibilisation de la violence des femmes au prisme du genre (Paris, 1775) », p. 85-184, in Coline Gardi et Geneviève Pruvost (dir..), Penser la violence des femmes, La Découverte, 2012. Pour la Guerre des Paysans, bien étudiée par l’historiographie allemande, on trouve également très peu de choses. Voir Marion Kobelt-Groch, « Von „armen frowen“ und „bösen wibern“ – Frauen im Bauernkrieg zwischen Anpassung und Auflehnung », Archiv für Reformationsgeschichte, 79-jg, 1 décembre 1988, p. 103-137.

(34) François Jarrige, « L’”émeute en jupon” des découpeuses de Châles (Paris, 1831) : femmes victimes ou femmes déviantes ? », in Frédéric Chauvaud et Gilles Maladain (dir.), Impossibles victimes, impossibles coupables : les femmes devant la justice (XIXe-XXe siècles), Rennes, PUR, 2009, p. 121-132 ; Jean-Luc Laffont, « Les femmes dans les révoltes populaires en France à l’époque moderne », Académie des Sciences, Inscriptions et Belles Lettres, Toulouse, 28 avril 2016.

(35) Christophe Badel, « Les femmes dans les émeutes frumentaires à Rome (Ier siècle av. J.-C.-IIe siècle apr. J.-C. », Marc Bergère et Luc Capdevila (dir.), Genre et événement, PUR, 2006. L’auteur conclut ainsi : « on ne peut assurer de façon certaine que les femmes aient été totalement absentes des émeutes frumentaires. Mais le silence des sources prouve que leur place était, au mieux, mineure, et ne peut se comparer au rôle moteur joué ultérieurement dans les émeutes de l’époque moderne. »

(36) Denis Beliveau, « Le droit à la rébellion : les femmes, le pain et la justice en France (1816-1847) », in Alain Corbin, Jacqueline Lalouette et Michèle Riot-Sarcey (dir.), Femmes dans la cité (1817-1871), Créapolis, 1997, p. 41-55. 

(37) E. P. Thompson, « The moral economy of the English crowd in the eighteenth century », Past & Present, 50, 1971, p. 71-136, en particulier p. 115 et suiv.

(38) Coline Cardi et Genevière Pruvost (dir.), Penser la violence des femmes, La Découverte, 2012 ; Christine Bard (dir.), Dictionnaire des féministes. France XVIIIe – XXIe siècle, PUF, 2017 ; Bibia Pavard, Florence Rochefort et Michelle Zancarini-Fournel Ne nous libérez pas, on s’en charge, La Découverte, 2020 ; Genevière Pruvost, Quotidien politique. Féminisme, écologie, subsistance, La Découverte, 2021 ; Mathilde Larrère, Guns and Roses. Les objets des luttes féministes, Éd. du détour, 2022.

(39) Arlette Farge, « La part de l’émotion », Socio-anthropologie, 27, 15 juin 2013, p. 99-101.

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